Comment prescrire et recourir aux enduits correcteurs thermiques, en contexte RT ?

Description

Vous souhaitez en savoir plus sur la rénovation à l’aide d’enduits correcteurs thermiques (terres allégées, béton de chanvre, etc) mais vous aimeriez mieux en comprendre les propriétés et leur parcours dans le cadre de la règlementation thermique élément par élément et globale ?

La Fédération Bretonne des Filières Biosourcées [FB]2, en collaboration avec Batylab, ont co-organisé un webinaire 18 mars 2025 sur « comment prescrire & recourir aux enduits correcteurs thermiques, en contexte RT« . Retrouvez le replay et des ressources complémentaires ci-dessous.

Webinaire FB2 - Batylab - thermique.
©FB2

Programme

Rappel du cadre de la RT (réglementation thermique)

Intervenant : Julien LE MOIGNE, Chef du pôle usages et décarbonation, qualité de la construction, DREAL Bretagne

Support de présentation de la DREAL Bretagne

Format : PDF
Poids : 580 Ko

Enjeux du bâti ancien

Intervenant : Georges LEMOINE, Responsable technique & pédagogique, Tiez Breiz

Support de présentation de Tiez Breizh

Format : PDF
Poids : 2 Mo

Le point de vue thermique

Intervenant : Grégory VANNOBEL, Directeur général, Bureau d’étude BEE+

Support de présentation de BEE+

Format : PDF
Poids : 1 Mo

Replay

Questions/réponses

  • Le rappel de l’application des RT concerne les bâtiments existants uniquement ? 

Oui c’est bien pour le bâti existant.

Ce webinaire traitait uniquement de la réglementation thermique dans l’existant. Si vous souhaitez avoir des informations pour le neuf nous vous invite à consulter notre webinaire sur le RE2020.

  • L’annexe IX de la RT2012/RE2020 donne des valeurs par défauts des isolants biosourcés. Pas de problème de ce côté. L’ANAH, permet d’aller chercher les aides maprimrenov PA et autorise l’utilisation de matériaux géo-sourcée adaptée au bâti ancien : « Les matériaux géo-sourcés comme la terre sont éligibles s’ils sont associés à un matériau d’origine végétale ou animale (par exemple un mélange terre-chanvre). » Afin de justifier la résistance thermique de ce type d’enduit correcteur (terre paille, terre chanvre, chaux chanvre, …) quel justificatif peut-on utiliser pour déterminer la résistance thermique (fiche fabricants….) ? 

Sur le principe, il convient de se référer aux conductivités thermiques justifiées par des normes NF si l’isolant en possède. C’est le cas pour le béton de chanvre  : mélange chaux chanvre basé sur les règles pro de Construire en Chanvre. Par défaut, peut être utilisé l’annexe IX en question. Pour autant les bétons allégés et les systèmes en terre crue possèdent des masses volumiques plus importantes que les correspondances de cette annexe. Ces solutions ne sont donc pas à ce jour couvertes par les dispositifs Anah, sauf dans le cas d’une conductivité thermique justifiée par les normes NF. 

  • J’ai fait beaucoup de recherches sur le confort thermique récemment, et je n’arrive pas à trouver les sources scientifiques qui démontrent ce que vous venez de dire : le confort thermique est influencé par l’HR. À part, au-dessus de 25/28°C où l’humidité un peu « tropicale » est inconfortable car ne permet pas de faire l’évapotranspiration du corps, et à part à partir de seuils extrêmes au delà de 80% d’HR, je ne vois pas en quoi un taux d’HR « haut » = 60-70% est problématique. Avez-vous des éléments de détails là-dessus, si possibles sourcés ? 

L’eau est un conducteur thermique et de ce fait impact les ressentis. Toutes les personnes ayant passé un hiver en Bretagne l’auront perçu. Découvrez une thèse sur le confort thermique où il y est spécifié les facteurs physiques thermiques d’influence du confort ressenti dont l’humidité.

  • Avez-vous des références d’ouvrages pour approfondir le sujet du confort et d’humidité dans le bâti ancien ? 

Un ouvrage, non. En revanche il existe un grand nombre de thèses sur le sujet. 

  • Quels sont les avantages et inconvénients entre ces deux choix d’isolation thermique pour un mur en pierre de taille calcaire par exemple :
    1. projection mécanique chaux chanvre
    et 2. panneau de fibre de bois avec finition chaux chanvre ? 

Petit point de vigilance en complémentarité d’une analyse circonstanciée de la paroi et de se fonctionnement hydrique. En l’absence de remonté capillaire, il faudra être vigilant à la qualité de pose de la laine et du mode de fixation. Contrairement aux correcteurs thermiques, les isolants panneaux et laines n’ont pas les mêmes fonctionnements hygroscopiques. En cas de point de rosé, l’isolant risque de se dégrader avant de pouvoir évacuer l’humidité passée sous forme liquide. Enfin, cette laine/panneaux devra permettre la réception d’un enduit. 

  • Quelles méthodes/instrumentations/mesures préconiser afin de caractériser l’état d’un mur ancien afin de proposer des solutions adaptées ? 

Analyse visuelle par un expert. Il serait un peu long de lister de façon exhaustive les éléments à observer : étanchéité des pieds de murs, nature des enduits et joints, éléments environnementaux périphériques (écosystème, topographie, situation géographique, …).

  • Avez-vous des données sur la résistance au feu de ces enduits ? Que préconisez-vous pour répondre à un cahier des charges de résistance au feu 2h ? 

Quelques ressources :
RESISTANCE AU FEU d’un mur non porteur en béton de chanvre avec
ossature bois

RESISTANCE AU FEU d’un mur porteur en bottes de paille enduit en faces exposée et non exposée au feu. 

  • Quelle stratégie « ressource » concernant l’utilisation de la chaux dans les bétons isolants ? Matériau très intéressant, mais avec une empreinte carbone loin d’être négligeable et qui doit être intégrée dans la logique de réhabilitation. Quel questionnement de la filière biosourcée sur la priorisation d’utilisation, et existe-t-il des alternatives avec des propriétés proches permettant d’envisager une massification sur le bâti ancien ? 

L’utilisation de la terre en substitution à la chaux est envisageable en zone saine sans perte des performances des bétons de chanvre (sous réserve de dosage adaptés).

  • Quel est l’intérêt de mettre en œuvre + de 25cm de béton de chanvre pour atteindre un R équivalent à celui d’isolants en panneaux, s’il n’y a pas d’obligation réglementaire à le faire (cas RT par élément) ? Une telle épaisseur ne devient-elle pas rédhibitoire d’un point de vue financier par rapport aux isolants en panneaux ? 

Aucun intérêt en effet et effectivement le coût serait rédhibitoire. La comparaison tenait pour de la recherche de performance en R sur une paroi neuve ou en extension par exemple. 

  • Que pensez-vous des enduits isolants (comme la diathonite de chez Diasen, Isol’argilus, ou autre) à appliquer sur des bâtis anciens bretons pierre et terre ou bauge ? Des préconisations particulières ? Des points de vigilance ? 

Très bons matériaux, plus cher mais présentant, pour ceux cités, une meilleure tolérance aux supports plus sensibles. 

  • En quoi est-ce que la faible effusivité thermique a un impact sur le confort ressenti ?  

L’effet de paroi froide impacte fortement les températures ressenties (moyenne entre température de l’air et température des parois) 

  • Est-il possible d’associer un isolant en contact avec le mur et une mise en œuvre d’un enduit correcteur thermique sur celui-ci ? 

Oui possible mais attention aux risques de condensation. 

  • Pouvez-vous donner des indications de temps de séchage également par rapport aux épaisseurs mises en œuvre ? 

Il vaut mieux se renseigner auprès des artisans qui mettent en œuvre les enduits, cela dépend de plusieurs facteurs(saison, capacité de ventilation, etc.) 

  • Peut-on appliquer un correcteur thermique chaux chanvre au niveau des murs sous rampant de toiture ? Comment traiter correctement la jonction isolation toiture (laine de bois) et correcteur thermique chaux chanvre ? 

Oui, en marouflant des scotchs tramés dans les corps d’enduit (type contega).

  • En hiver, si cela condense en libérant de l’énergie, mais le niveau hygro est très élevé et inconfortable ? 

La mise en œuvre d’enduits ne dispense pas l’installation d’un système de renouvellement d’air efficace telle qu’une VMC simple ou idéalement double flux. 

  • La condensation interne pouvant également se produire dans un isolant classique, ceux-ci bénéficient également de la libération de chaleur latente ? 

Non seuls certains matériaux permettent les phénomènes d’adsorption et de désorption, on peut citer la terre et le chanvre. 

  • J’ai le cas d’un mur en parpaing doublé par de la brique avec lame d’air entre les deux. Je pensais plutôt y poser une ossature bois avec isolant fibre de bois. Est-ce la bonne solution ou un enduit pourrait être mis en œuvre ? 

Dans tous les cas, déposez le doublage en briques. Les 2 solutions sont adaptées. Une isolation en fibre de bois amènera un doublage moins épais. Un enduit devra être plus épais pour apporter un niveau d’isolation correct. Mais il apportera une meilleure régulation d’hygrométrie et de confort dans la pièce. Si c’est une pièce qui a tendance à chauffer en été, un enduit de forte épaisseur est intéressant pour mieux réguler la température. 

  • La mise en œuvre nécessite le calcul de la portance des murs ? La validation de la copropriété aussi, non ? 

Les enduits ont une masse importante. Une étude structurelle peut être nécessaire pour vérifier la capacité des planchers à supporter la charge. 

  • Quelles sont vos préconisations quant à l’application de correcteurs thermiques dans le cas d’un bâti ancien (type façades en moellons) qui est occupé seulement à certaines périodes de l’année (résidence secondaire) et donc pas toujours chauffé en période hivernale ? 

Il n’y a pas de préconisations. Un bâtiment qui n’est pas chauffé va forcément baisser en température quel que soit son inertie et niveau d’isolation. 

Une fois le bâtiment froid, il sera forcément difficile à remonter en température et à rendre confortable juste le temps d’un week-end. Il faudra toujours du temps pour réchauffer ses parois. 

  • Pouvez-vous évoquer les désordres associés à la pose d’isolant avec un R de 3.5 sur murs en pierre ? 

Risque de condensation dans l’isolant (dégration, affaissement, développement fongique, etc.).

  • Les enduits isolants présentés par G. Vannobel sont bien des dispositifs isolants intérieurs et non des correcteurs ?

À faible épaisseur, on parlera effectivement de simple correcteur thermique car l’enduit ne fait que supprimer l’effet paroi froide du mur (généralement en pierres). 

Et en augmentant l’épaisseur, l’enduit atteint des performances équivalentes à celles d’isolants 

  • J’aimerais faire une correction thermique avec un enduit chaux-chanvre de 5 cm sur un mur pierre jointoyé avec chaux-sable. Quelle préparation pour le mur de pierre avant l’application de l’enduit chaux-chanvre ? 

Décroutage des enduits ciments, nettoyage et dépoussiérage du mur. 

  • J’ai souvenir d’une étude d’Enertech sur la performance comparée d’un bâtiment ancien avec un isolant standard de 14 cm et d’un correcteur thermique chaux-chanvre où les consommations d’énergie étaient équivalentes pour ce bâtiment. Avez-vous cette référence ? Est-ce possible d’utiliser cette référence comme justificatif pour ne pas atteindre les résistances thermiques de la RT élément par élément et dans le cadre de subventions ? 

Nous n’avons pas cette étude. Mais de toute façon, il n’est pas possible de s’en servir pour déroger à la RT élément par élément ou dans le cadre de subvention. Les études d’Enertech n’ont pas de cadre scientifique. 

  • Sur un bâtiment en pisé, comment faire une isolation par l’extérieur assez épaisse pour être efficace ? 8 cm n’améliore que d’un R=1. 

Ces matériaux ne sont pas optimums pour une ITE. 

  • Une projection mécanique d’un enduit chaux chanvre de 8cm d’épaisseur doit obligatoirement s’appliquer sur un mur préalablement isolé ? Donc ça veut dire qu’il faut obligatoirement un complexe isolant pour un mur en pierre de taille calcaire. La multiplication des complexes isolants semble obligatoire. A moins que 8cm d’épaisseur suffise pour obtenir un confort acceptable ? Mais ne respectant pas la RT pour le coup … 

Un mur en pierres est exempté de la RT élément par élément. 

Une épaisseur de 8 cm est acceptable pour un mur isolé dans une pièce. Mais on est d’accord qu’on est en dessous de la RT et des conditions pour les subventions. À noter que sur un mur en pierre l’article 2 rappelé par Julien Le Moigne précise le domaine d’application aux “murs composés des matériaux suivants : briques industrielles, blocs béton industriels ou assimilés, béton banché et bardages métalliques”, ce mur n’est donc pas soumis au R de la RT et permet la mise en œuvre d’enduit correcteurs thermiques tout en respectant le cadre de la RT. 

  • Avez-vous des exemples d’enduits correcteurs thermiques extérieurs sur bâti ancien patrimonial, respectueux des caractéristiques patrimoniales de façade ? 

Enduits à base de chaux ou de terre. Comme pour les enduits intérieurs.

Un projet de l’agence North By Northwest s’est fait en concertation avec l’ABF, en béton de chanvre ITE + valorisation des modénatures.

  • Dans une chambre rénovée avec enduit chaux-chanvre + finition chaux-sable, mes hôtes ont la gorge très desséchée la nuit, est-ce dû à l’absorption de l’humidité par l’enduit ?  

Nous en doutons mais difficile de répondre sans une mesure de l’humidité relative.  

  • Avez-vous une préconisation sur les murs en granit (sachant qu’il bloque la vapeur d’eau) ? 

Le granit oui mais pas le joint, pas de contrindication sur ces supports pour l’application d’un correcteur thermique. 

  • Dans une construction en bauge qui ne repose pas sur un dôme de compression, quelles sont vos préconisations pour renforcer la structure ? 

Impossible de répondre sans une analyse complète du bâtiment. Cette question ne rentre pas dans le cadre du webinaire qui ne traite pas des questions structurelles. Une étude spécifique est à prévoir.  

  • Question isolation combles à aménager : pignons en mur pierre granit Finistère nord, 80cm d’épaisseur, est-il utile d’ajouter un enduit thermique et/ou isolant + paroi, ou l’épaisseur du mur et qualité des pierres sont suffisants ? 

Oui nécessaire, la pierre est froide et non isolante. La résistante thermique d’un mur de 60cm en granit est équivalente à moins de 2cm de laine de bois (même si d’autres phénomènes corrigent cette faiblesse). 

Ressources complémentaires

  • Etude ENERTECH sur les migrations de vapeur d’eau (vigilance car contexte = région grand est) 

Organisateurs

FB2 et Batylab